Les jours des rendez-vous de merde

Après mon accouchement, nous avons déménagé. Nous sommes partis de la région parisienne 1 mois après que M soit arrivée. Retour en —-, plus proche de nos familles et amis !

A commencé alors la ronde des rendez-vous rigolus (en vrai c’est pas drôle mais ça, tu l’as compris depuis le début hein)

J’ai repris contact avec le gynécologue obstétricien que je consultais quand j’étais en Normandie. C’était mon premier rendez-vous gynéco 2 mois après mon accouchement.

La consultation a été comme une petite claque bien vive dans la face, le truc furtif qui te laisse presque dans un état de déni. « Non ça n’est pas arrivé ». Lors de l’auscultation, le docteur G s’est mis dans une colère noire en gesticulant et en braillant à tout va :« Mais qui vous a accouchée, à quel endroit ? C’est un véritable travail de boucher ! ».

BIM. Le mot est lâché.

Boucher.

Il m’a expliqué, spatules de Thierry à l’appui sorties du tiroir, comment on doit se servir de cet outil et que ce n’est pas à mettre entre les mains d’un gros bourrin, qu’après mon accouchement une intervention chirurgicale de reconstruction aurait été une urgence et que c’était le moment propice pour le faire puisque les tissus blindés d’hormones cicatrisaient très vite.

Lors d’un second rendez-vous, je lui ai demandé de me mettre tout ça par écrit pour me soutenir dans mes démarches futures (j’avoue que je ne savais pas vraiment ce que j’allai faire mais je voulais récolter le plus d’infos possible). Il a bien entendu refusé… »faut pas exagérer ma petite dame ». On passait du boucher au brodeur de haute couture d’un coup ! Ah. Ah. Ah.

spatules

Vous êtes bien tous une joyeuse bande de petits rigolos hein !

Je suis repartie comme un zombi avec une ordonnance pour des séances de rééducation et une jolie petite sonde ! Bien entendu la rééducation à la sondounette n’a rien donné. Le kiné, docteur T, trouvait ça bizarre alors il a commencé à me poser des questions…

sonde

J’avoue que de mon côté, je m’en posais depuis quelque temps et que du coup j’avais un peu prospecter sur le net pour en savoir un peu plus sur mon état. Le terme « descente d’organes » (ne pas taper dans gugule image) est apparu alors…mon généraliste, docteur G m’a rit au nez quand je lui en ai parlé…merci, encore. Mon kiné m’a lui posé la question fatale : »mais euuuh enfin là quand vous regardez, vous voyez quelque chose ressortir ou pas ? » Moi : »euh ouais. » Lui : »Ah, merdoum, c’est votre utérus, vous avez un prolapsus ! ». (ouai tu as bien lu)

Ahah toutes les femmes n’ont pas la chance de VOIR leur utérus, moi si…j’avais pas envie de le voir mais je l’ai vu.

Arrêt de la rééducation et prise de rendez-vous avec le docteur B (en octobre 2004), un chirurgien. Alors lui c’était le pompon ! Il m’aurait opérée limite direct le lendemain matin mais j’ai freiné ses ardeurs bistouriesques. Pour me soulager il m’a proposé, tiens-toi bien TIENS-TOI BIEN, un pessaire. Tadaaaaaa ! Un big anneau super dur à se coller dans le minou pour soutenir les organes…et alors le must c’est que ça se pose par le biais d’un·e professionnel·le et que là le monsieur il me dit de le mettre et de l’enlever tous les jours, comme des chaussettes quoi, à la cool. (mourre dans d’atroces souffrances !)

pessaire

Vous êtes bien tous une joyeuse bande de petits rigolos hein !

J’ai décidé d’aller consulter chez une gynécologue, me disant qu’une femme aurai peut-être un peu plus d’empathie ou qu’elle pourrai comprendre et m’orienter. Peine perdue. La charmante dame me proposa elle aussi des trucs à me coller dans la foufoune et m’expliqua que « bah c’est la vie quoi et que si sexuellement mon mari n’était pas embêté par mon état c’était le principal ». Je n’ai pas payé et je suis sortie sans un mot en 4ème vitesse pour exploser en sanglot dans le couloir.

Vous êtes bien tous une joyeuse bande de petits rigolos hein !

Du coup, j’ai trouvé un chouette kiné, le docteur M, qui m’a bien aidé et qui a su me dire les choses clairement. De janvier à mai 2005, j’ai pratiqué des séances de rééducation manuelle avec lui. Je n’ai pas réussi à aller bien loin en terme de progrès, c’était bien foireux mais on a pu faire un point sur mon état. Je n’avais plus aucune sensation interne, pour lui les nerfs avaient été sectionnés à l’accouchement d’où la perte totale de sensation. Le test a été d’appuyer assez fort en interne avec l’ongle (main gantée of course hein), je ne sentais absolument rien.

Encore une bonne nouvelle…

Après ce fût le Pr H urologue 2007, puis la même année le Pr A, je n’avançais pas, je ne savais pas vraiment quoi mettre en place.  Mon adorable ostéopathe C m’a été d’une grande aide en soulageant mon dos et les effets de mon prolapsus.

Et un jour, fin 2007, en déplacement, mon chéri tombe sur une émission du professeur Suisse Sylvain Meyer, il l’a regardé en pleurant. En rentrant, je l’ai regardé aussi, en pleurant. J’ai acheté son livre et j’ai pris contact avec lui pour qu’il me conseille un médecin en France. Il m’a répondu avec gentillesse et m’a recommandé de consulter le Pr V à Paris. Rendez-vous pris en 2008. On m’a tout de suite parler de chirurgie réparatrice afin de ne pas continuer plus longtemps à rester dans cet état physique.

Avant cette opération, j’ai donc passé un colposystogramme (à Paris, il n’y en avait pas ailleurs), une écho pelvienne et un bilan urodynamique …que des trucs hyper drôles. Une seule personne s’est permise de me donner un conseil, c’est la doctoresse Bolner qui m’a fait passer le colpo. Elle m’a demandé si je comptais faire un second enfant, je lui ai dit que je ne savais pas. Elle m’a répondu : »je vous conseille avant tout de penser à vous et à vous reconstruire. » Elle est la SEULE à m’avoir parler ainsi, pour ça, je la remercie.

Bilan : Patiente présentant un prolapsus multicompartimentaire modéré multi-élémentaire C2-H2-R2 selon Baden-Walker, stade 2 antérieur, stade 2 médian, stade 2 postérieur, GH 5, PB 3, TVL 13 selon POP-Q. Incontinence urinaire d’effort stade 2, Sandvick 2 faible.

Bilan Uro : Débitmétrie max 32, pression de clôture 53.5 B3 = 435.

Colpo : En retenue, absence de conservation des releveurs. En poussée, cystocèle avec fond vésical à 27 mm sous la ligne pubococcygienne inférieure. Cervicocystoptose avec méat vésical à 15mm sous cette ligne. Ebauche de rectocèle.

J’imagine que tu as tout compris hein ! Pareil ! Je te la fais courte, bilan à ma façon : je me fais pipi dessus au moindre rire, saut, pas de course, toux, éternuement ou simplement si j’ai trop attendu pour aller aux toilettes. J’ai l’utérus qui ressort par le vagin et qui dit « hello ». J’ai l’impression d’avoir un filet d’oranges à jus dans le bas-ventre en permanence, je suis fatiguée tout le temps, je n’ai plus de vie sexuelle et je suis en dépression depuis 7 ans, voili, voilà.

C’est le docteur G qui m’a opérée en octobre 2011 après 7 ans de souffrances.

bilanope23

Voilà, j’ai un hamac qui soutient mes organes qui profitent bien en buvant une caïpirinha ! (et je revis…un peu)

6 commentaires sur « Les jours des rendez-vous de merde »

  1. Le pire dans tous ça, c’est qu’il y avait la connaissance, la science, tout ce qu’il fallait pour t’aider, te guérir, te soutenir…sauf l’écoute et la considération pour le faire. C’est d’une cruauté intense et inexcusable. Hugs.

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  2. Ma douce, jamais je n’avais imaginé que le chemin que tu avais parcouru depuis ta grossesse avait été aussi douloureux physiquement et psychologiquement. Ce constat me peine pour toi et surtout me révolte ! Ce qui adoucit un tantinet tout cela c’est cette doctoresse qui a montré une once d’empathie et de bienveillance pour toi.
    Je te fais un câlin ❤️

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    1. Hey merci pour tes mots ma cocotte ❤
      Je crois que mis bout à bout, cela reste pour beaucoup inimaginable. C'est pourtant la vérité, la vraie vie et pas seulement la mienne mais celle de presque la moitié de la population…c'est juste flippant !

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  3. Bonsoir,
    J’ai 25 ans, j’avais un super périnée,une super vie sexuelle et j’ai un magnifique bébé casi le jour de mes 25 ans par voie basse sans forceps sans déchirure rien…et depuis ce jour c’est un véritable cauchemare. J ai très vite remarqué qu’une « boule »sortait de mon vagin et que en plus de me dégoûter ça me faisait affreusement mal (au point de perdre connaissance mais ça tu dois le savoir déjà. ..) après consultation chez ma gyneco celle ci m’annonce que je suis entièrement détruite de l’intérieur et qu’il me faut aller me faire opérer et tout refaire comme neuf. Sur ce elle même glisse le nom d’un chirurgien et elle change de pays, d’adresse mail, et va s’isole sur une île (mayotte exactement).
    Résultat cela fait 9 mois aujourd’hui que j’ai accouché et que je me bats auprès des établissements de santé pour que quelqu’un m’aide…
    on m’a fait les mêmes examens que toi,dont l’irm ou tu te fais joyeusement pipi et caca dessus pour voir comment tu pousse. Résultat : descente d’organe, ma gyneco devait me faire une césarienne car mon bébé ne serait normalement pas passer dans mon bassin mais elle a décidé d’y plongé ses deux bras et de tout arracher sur son passage y compris tout les muscles et mes nerfs…
    Je me bats pour que quelqu’un m’opère et j’ai un peu peur car tout les docteurs y vont de leurs inventions pour rajouter ça sur leurs CV très clairement,…
    Alors si tu as bien vécu ton opération, si tout ton intérieur tient bien en place maintenant et si tu as trouver comment ressentir à nouveau même avec les nefs coupé je suis preneuse…tu es mon rayon de soleil et je retrouve un peu l’espoir en voyant ton humour et ta franchise sur ce sujet tellement tabou…
    Bien à toi et courage
    Mélanie et son périnée qui traîne parterre.

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    1. Bonjour Mélanie,
      Ta douloureuse histoire résonne malheureusement en moi. Pas d’écoute, de la négligence voir du mépris, peu ou pas d’information…tel est le lot des femmes abandonnées après des accouchements catastrophiques.
      Il ne faut surtout pas rester comme ça ! Je t’ai envoyé un mail si tu as besoin d’en parler ou d’avoir des infos on peut échanger par mail ou au téléphone. N’hésites pas et ne baisse pas les bras !

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