Le jour où tu es arrivée

Dimanche 25 juillet 2004, le jour où tu es arrivée. (à 10 jours du terme) Et là ça va être moins drôle, je préfère te prévenir.

Le matin, il fait beau, premières contractions, ça picote un peu ! Je sens que c’est pour aujourd’hui, les contractions sont régulières et se rapprochent. J’en profite pour faire un cake à l’abricot, si ça dure on aura des réserves !

S, Mr Chéri et moi partons donc en fin de matinée, direction l’hôpital d’E !

Avec Mr Chéri, nous sommes contents, nous avons hâte !

Nous nous changeons, enfilage de jolie blouses bleues au top. Je suis installée sur le dos sur la table d’accouchement, il y a pas mal de machines autour de moi, on me pose une perfusion, on installe un monitoring pour surveiller les contractions. C’est parti ! Happy je suis d’être avec Mr Chéri et S, souriante et présente !

L’anesthésiste (pas de souvenir, il n’y a pas eu d’interaction entre nous) vient me poser la péridurale. Je suis parée pour mettre au monde mon petit chaton adoré.

L’attente, les contractions, l’attente, on papote, vérification du col, monitoring, ça va je n’ai pas mal, en fait je ne sens rien. L’ambiance est détendue, je suis un peu fébrile, impatiente.

mater

Et puis arrive le moment où il va falloir s’y mettre sérieusement, le bébé est descendu, le col est au max, on y va…je ne sens toujours rien, on m’indique quand pousser grâce au monitoring. En fait j’ai une dose d’anesthésiant de cheval, j’aurai pu faire des mots croisés pendant que l’on me coupait les jambes en rondelles avec un couteau à pain rouillé. Ce n’est pas pratique pour pousser correctement, j’ai l’impression de ne rien faire en fait, de pousser dans le vide, je n’ai même pas la sensation de pousser.

Et puis tout bascule.

Les visages se crispent, S m’annonce qu’il y a une souffrance fœtale, le monitoring l’indique. Mon bébé a le cordon autour au cou, il faut vite qu’elle sorte. Le médecin arrive. C’est tout ce que j’aurai comme info. Il arrive.

« Bonjour madame. » me dit le « docteur » K.

Tout va vite, je ne pense plus, j’ai le cerveau en vrac, je vois les yeux et l’air préoccupé de S derrière son masque. Je sais que Mr Chéri est là mais je ne vois pas son visage derrière moi. Je ne sais pas vraiment ce qui se passe derrière le champs, je ne sens RIEN. Je suis un peu perdue.

On me dit de pousser, je pousse, j’essaye, en fait je ne sais pas si je fais ça bien. Alors arrive la puéricultrice S. Bien charpentée, elle m’écrase le ventre en se tenant sur les barres latérales de la table d’accouchement et elle appuie comme une brute, elle pousse, elle y met tout son poids et je pousse, j’obéis. Je ne sais pas ce que « Docteur K » fait derrière, je ne vois rien, je ne sens rien, on ne me dit rien, on ne me demande rien, rien de rien. Rien n’est expliqué à Mr Chéri non plus. Rien , rien et rien ! Je n’accouche pas, je mets bas.

18h38, tu es arrivée, ma petite, ma toute petite, mon petit amour, M. Et plus rien n’avait d’importance autour de moi, autour de nous. J’ai pleuré avec ton papa à mes côtés et S était très émue aussi en te posant sur ma poitrine. Tu étais là et tu étais vivante !

Et puis tu es partie dans les bras de ton papa, avec S pour tes premiers examens et ton premier bain. Pendant ce temps, le « Docteur » K était affairé à me recoudre. Mais quoi ? Ça je ne le savais même pas, je ne savais pas du tout ce qu’il faisait derrière le champs maculé de sang puisque l’on ne me disait toujours rien, rien, rien. Donc il était là, je voyais dépasser le bout de son crâne et je ne savais pas ce qu’il me faisait. C’est pas extraordinaire ça ? Je ne sentais rien (heureusement), la péridurale de cheval était encore super active. Quand le « Docteur » K a eu fini son petit bordel, il est parti.

« Félicitations Madame. Au revoir Madame. » Voilà, avec la phrase plus haut, ce sont les 3 seules phrases que le « Docteur K » a daigné me dire. Il n’y en a pas eu d’autres, jamais (enfin oralement).

J’étais claquée, dans le gaz, j’avais hâte que Mr Chéri revienne avec ma petite. Je suis restée en observation durant un bon bout de temps, ils sont revenus et on m’a emmenée dans une chambre seule (ouf !). Il était tard, Mr Chéri ne pouvait pas rester avec moi très longtemps, il devait repartir, je n’en avais pas envie. S qui était de service la nuit a pris en charge M, je ne pouvais pas bouger ni m’en occuper, j’étais beaucoup trop faible. Elle était avec S alors j’étais en confiance et j’ai pu m’écrouler, à bout de force. Sous l’effet de forts anti-douleurs, j’ai sombré dans le sommeil sans souffrir.

J’étais alors loin, très loin, très très loin de m’imaginer dans quel état j’étais…

spatules1

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